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Judaïsmes et Questions de Société
4 juin 2013

Est-ce que les femmes peuvent se revêtir d’un châle de prière (« talith ») ?

Femmesentalitdefemmes(Femmes en "talith", pour la source de l'image cliquez ici)

Un passage talmudique dans le traité Menahot 43a du Talmud de Babylone dit explicitement que les sages autorisent les femmes à porter un châle de prière affirmant même qu’elles y sont obligées mais dans ce même extrait, Rabbi Simon rappelle que les femmes en sont exemptes car il s’agit d’un commandement d’injonction positive (faire quelque chose) lié à un temps précis. Or nous savons par ailleurs (traité Kiddouchin 1 ; 7 du Talmud de Babylone) que les femmes sont exemptes de ce type de commandements…. mais non interdites !

La question va porter sur le fait de savoir si la femme qui souhaite se revêtir d’un châle de prière doit prononcer ou non la bénédiction d’usage avant de le porter. Maimonide (1135-1204) écrit dans « Lois franges aux vêtements (« tsitsith ») 3:9) :
« Les femmes sont exemptées de la loi biblique concernant le châle de prière. Les femmes qui le portent s’en enveloppent sans aucune bénédiction comme c’est le cas pour d’autres commandements positifs dont sont exemptées les femmes. Si elles veulent se prévaloir de ce droit sans bénédiction, on ne les en empêche pas. ».

D’autres décisionnaires ashkénazes cependant, comme les Tossafot (Moyen Age) autoriseront les femmes à prononcer la bénédiction avant de porter le châle de prière.

L’idée qu’une femme qui porte un châle de prière ferait montre d’arrogance (« yaharah ») est plus tardive. Et il y a probablement lieu de penser que, comme ce n’était pas l’habitude des femmes, le geste isolé de l’une d’entre elles portant le « châle de prière » interrogeait certains comme l’auteur du Shoulkhan Arouch, le code de référence de la loi juive (16ème siècle).


A notre époque,  le Rav Feinstein (1895-1986), l’un des décisionnaires les plus importants du monde orthodoxe, précisera dans un responsum de 1976, qu’une femme pouvait porter le châle de prière et même dire la bénédiction à ce sujet à condition toutefois qu’elle soit habitée par la piété et le désir d’observer la loi (et non par d’autres considérations). 
Il souhaitait également que le châle de prière des femmes soit de préférence différent de celui des hommes, de sorte à ne pas risquer, à ses yeux, de contrevenir notamment à l’interdit pour les femmes de porter un vêtement d’homme. C’est pourquoi, les femmes orthodoxes choisissent généralement de porter un châle de prière dit féminin (ave des couleurs et non en noir et blanc). 

Alors pourquoi toutes ces réactions, souvent violentes contre les Femmes du Mur, -groupe de prière pluraliste qui se réunit chaque noéménie (« Rosh Hodesh, renouvellement de la lune fêté dans le calendrier hébraïque), une fois par mois,  au Mur occidental -ou celles ou ceux qui les défendraient ?! 

Certains diront par sexisme, ou par peur de l’évolution pourtant permise sur certains points par la loi juive ;  d’autres diront par conservatisme de la part de celles ou ceux qui confondant la fidélité avec une attitude rigoriste voire excluante.

Je vous laisse le choix de vos appréciations parmi celles-ci ou d’autres.

Quant à moi, je réitère mon soutien, mon admiration et ma reconnaissance pour les Femmes du Mur qui malgré les insultes et les agressions prient, depuis 24 ans, chaque mois, chaque « Roch Hodesh ». Elles permettront non seulement que les femmes puissent prier au Mur, en groupe, avec châle de prière et en chantant mais que le Mur soit à tous et non à une minorité de plus en plus ultra-orthodoxe. 
Faut-il rappeler que cette minorité a imposé, ces dernières années, aux instances officielles comme l’Armée ou le Ministère de l’immigration, que les serments des jeunes soldats et soldates ou les cérémonies de citoyenneté israélienne ne se tiennent plus sur l’esplanade du Mur occidental à cause de la mixité ou du fait que l’on entende des voix des femmes au cours de ces évènements nationaux?! Et que ces instances officielles ont reculé devant ces diktats ? 
Donc si les Femmes du Mur n’étaient pas là pour nous qui le serait ? Et si ce n’est maintenant, quand?


Sonia Sarah Lipsyc

Ce texte s’inspire notamment de l'article « Women and Tallit » (octobre 2009) d’un rabbin contemporain moderne orthodoxe, Shmuel Herzfeld qui officie à la synagogue Ohev Shalom à Whashington (USA).

Cet article reprend un post du 12 mai 2013 de la page Facebook "Judaismes et questions de société" que vous pouvez rejoindre en cliquant ici.

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