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Judaïsmes et Questions de Société
8 juillet 2012

Une première étude sur les violences conjugales dans le monde ultra-orthodoxe (« haredi »)

Femme_battue3 (Photo de hoto Maxppp/Christian Philippe Paris )

Les violences conjugales, physiques ou morales, à l’encontre des femmes touchent tous les milieux socio- économiques. Cependant, il n’y avait aucune étude jusqu’à présent sur les violences que subissent les femmes dans le milieu ultra-orthodoxe en Israël.

En effet, comme l’exprime le Dr Pierre Schori-Biton, l’un des acteurs de cette enquête, « il y a des données sur certaines communautés (…) mais le degrè de religiosité n’est pas un facteur qui est pris en considération dans les bases de données existantes »[1].

L’étude du Dr. Mally Schori-Biton, criminologue et thérapeute de couple au Centre universitaire d’Ariel, en Israël, visant à distinguer les caractéristiques de la violence dans le secteur ultra-orthodoxe, aborde donc pour la première fois ce sujet qui reste encore relativement tabou dans ce milieu[2].

Les caractéristiques

L’étude montre qu’il est possible qu’une femme ultra-orthodoxe ait été battue à plusieurs endroits de son corps sans qu’il y ait visibilité des traces de ces coups car les femmes de ce milieu portent des vêtements qui cachent une large partie de leurs corps conformément aux règles strictes de « pudeur » auxquelles elles sont tenues de se conformer. Parmi les 88 femmes battues qui ont accepté de répondre certaines ont indiqué que « leurs maris les avaient forcé à avoir des rapports sexuels contre leur volonté. Acte considéré par la loi (civile mais aussi religieuse, ndr)[3] comme un viol ». D’autres ont souligné que leurs maris pouvaient exiger d’elles, en prétextant des raisons religieuses « de se laver les mains des dizaines de fois de façon obsessionnelle ou de les humilier en se moquant de leur niveau de religiosité ».

femmebattue2(Photo  Shutterstoc)

Les causes

D’après la criminologue, très souvent la situation financière précaire et la pauvreté constituent un des facteurs qui contribue à favoriser la violence au sein des foyers « haredi ». Mais aussi dans un souci de sauvegarder une « bonne » image de la communauté ultra-orthodoxe et de protéger la famille, et ce, même au prix de la violence, les femmes ultra-orthodoxes éprouvent davantage de difficultés à dénoncer publiquement leur situation de femmes battues et par conséquent, à sortir du cycle de la violence. De plus, le fait de se rendre dans un foyer pour femmes battues peut être considéré dans une société patriarcale, très hiérarchisée et genrée, comme un acte « socialement impardonnable ».

Les actions

Cependant, de plus en plus conscients de l’existence de cette violence au sein même de leur communauté, même si seulement 7 % des femmes orientées vers un refuge l’ont été par leurs rabbins[4] - ces derniers, depuis ces quinze dernières années, oeuvrent davantage à la sensibilisation de leur communauté. Des centres adaptés aux normes de la population ultra- orthodoxe ont ainsi été ouverts.

La majorité des femmes participant à cette étude ont indiqué que « leur niveau de religiosité n’avait pas changé suite à ce traumatisme ». Elles ont également relevé pour 30% d’entre elles, que nonobstant leur crainte du rejet social, « leurs relations avec leur famille et amis, souvent sabotés par leur mari violent, avaient été renforcés » et qu’elles jouaient maintenant « un rôle actif dans leur communauté ».

 Yaël Soussan et Sonia Sarah Lipsyc

Source : « Unique study shines light on violence against haredi women http://www.ynetnews.com/ », Tali Farkash, 15 juin 2012, Ynet. 

[1] « Unique study shines light on violence against haredi women http://www.ynetnews.com/ », Tali Farkash, 15 juin 2012, Ynet.

Toutes les citations sont extraites de cette source et si tel n’est pas le cas, nous le préciserons en note de bas de page.

[2] L’écrivaine orthodoxe Naomie Ragen avait déjà abordé dans son œuvre ce sujet et avait participé dans les années quatre vingt dix , avec le soutien d’une autorité rabbinique, à la création du premier refuge pour femmes battues ultra orthodoxes en Israël. Elle avait d’ailleurs, à cette époque, fait l’objet d’injures et de menaces. Propos tenus lors des débats du colloque " « Les femmes victimes de l’intégrisme & les violences domestiques induites. Le non respect de leur droits », organisé par l’International Women’s Rights au Conseil de l’Europe à Strasbourg, 12-13 septembre 2000.

[3] Voir notamment traité Erouvin 100a du Talmud de Babylone.

[4] 16%, l’ont été encouragées par leur famille et amis et 40% par les autorités de protection sociale. 

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