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Judaïsmes et Questions de Société
13 juin 2012

La pudibonderie a un coût, elle peut retarder le dépistage du cancer.

Comment est-il possible de sensibiliser les femmes sur le cancer du sein si vous ne pouvez pas utiliser les mots « seins » ou « femmes » ?

Par Rachel Azaria, Haaretz,18 mai 2012

octobre_rose_la_campagne_de_depistage_du_cancer_du_sein_est_lancee_126Le dépistage précoce de la maladie constitue l’élément le plus critique dans la réussite du traitement du cancer du sein. Lorsqu’une femme a une plus grande prise de conscience de l’importance du dépistage régulier et des examens médicaux ainsi qu’une meilleure connaissance des signes précoces de la maladie, les chances de guérison augmentent considérablement.

C’est la raison pour laquelle, Susan G. Komen, pour la Fondation Cure organise des « marches » et des « courses » dans la plupart des grandes villes à travers le monde, y compris à Jérusalem. La publicité qui accompagne l’événement sert généralement à sensibiliser les femmes sur l’importance du dépistage précoce du cancer du sein et des tests.

Mais que se passe t-il quand la municipalité de Jérusalem fait la promotion de la « marche », comme celle qui s’est déroulée dans la capitale de Jérusalem plus tôt ce mois-ci, sans que soit mentionné un seul mot faisant référence au cancer du sein ou aux femmes - et sans une seule image de femme, parce que ce ne serait « pas pudique» ? Comment est-il possible de sensibiliser les femmes au sujet du cancer du sein si vous ne pouvez utiliser les mots « seins », « cancer » ou « femmes » ?

La réponse est simple : ça n’est pas possible.

Au lieu de saisir l’opportunité de conduire les femmes dans un Centre pour femmes résidantes à Jérusalem afin de passer des tests ; au lieu d’aider chaque femme à comprendre l’importance de l’auto-examen et des mammographies ; au lieu d’atteindre les communautés qui auraient littéralement  besoin de telles informations autant que de l’air pour respirer… en d’autres termes, au lieu de penser à notre santé, les pères de la ville sont davantage préoccupés par notre pudeur.

Et cette attitude a un prix.

Demandez à n’importe quel médecin ou tout autre professionnel, qui suit un nombre croissant de femmes ultra-orthodoxes (« haredi ») en Israël. Ils confirment que, parmi ces femmes, il n’y en a presque aucune qui s’est faite dépister du cancer du sein. J’ai été informée par un médecin, qui traite les femmes souffrant de cette maladie, que le taux de mortalité chez les femmes ultra-orthodoxe (« haredi ») est trois fois supérieur que celui du reste de la population. Pourquoi ? Parce qu’elles ne font pas de contrôles périodiques, parce qu’elles ne s’auto-examinent pas. Autrement dit, elles ne sont pas sensibilisées.

Elles ne sont pas sensibilisées parce que la pudeur qui caractérise la communauté « haredi » (ultra-orthodoxe) a conduit à une situation où le corps de la femme est considéré comme « impudique », où une discussion médicale est appréhendée comme quelque chose d’indécent, où au lieu de dire « grossesse » les gens disent « la période précédent la naissance ».

La décision de transformer le corps de la femme, ainsi que les discussions s’y rapportant, en quelque chose d’impudique a, bien sûr, été prise par les hommes. Encore une fois, cela signifie qu’au lieu que le corps de la femme soit vu à travers les yeux d’une femme qui désire préserver sa santé, il est vu au travers de ceux d’un homme qui pourrait se sentir gêné (ou pire) par la simple mention du mot « sein ».

Vous devez probablement vous demander comment cela est-il possible que la nécessité d’éviter l’embarras des hommes, ou la possibilité d’être attiré par une femme, puisse justifier le fait que l’on risque la vie des femmes ? C’est une excellente question.

Non moins significative est la question de savoir pourquoi la municipalité de Jérusalem, y compris le maire laïc (Nir Barkat ndr) de la ville, devrait coopérer à cette parodie. Comment est-il possible que les panneaux servant à promouvoir une « marche » de sensibilisation pour le cancer du sein ne comportent pas un seul mot sur cette maladie.

Je ne sais pas.

R -(Rachel Azaria).

Mais notre travail en tant que femmes laïques ou pratiquantes est de déclarer d’une voix forte et claire : qu’aucune discussion médicale au sujet du corps de la femme ne peut être considérée comme quelque chose d’indécent. De plus, la municipalité, le Ministère de la Santé et toutes les institutions impliquées dans la supervision de notre bien-être ont une obligation à notre égard – nous les femmes et notre santé - qui supplante toute autre obligation exprimant les conceptions démesurées du monde ultra-orthodoxe sur la pudeur.

Le plus important, n’oubliez pas, est de vous faire contrôler régulièrement.

Rachel Azaria est membre du Conseil municipal de Jérusalem du parti Jérusalem.

Vous trouverez une notice à son sujet sur ce site à la rubrique "Qui est Qui ?"

Texte traduit par Yaël Soussan paru initialement en anglais sous le titre : « The price of modesty can be late detection of breast cancer », Haaretz, May.18, 2012.

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