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Judaïsmes et Questions de Société
29 janvier 2011

Danser sur les marches du Tribunal Rabbinique de Tel Aviv

Image2Danserdevantlarabbanout Véred Shabit est israélienne, il y a plus de 5 ans, lorsqu'elle a décidé de se marier, elle a refusé de le faire en passant devant le rabbinat orthodoxe, se sentant étrangère à cette institution et le mode de vie qu'elle représente. Aussi avec son conjoint juif et israélien d'alors, ils se rendirent à Chypre et se marièrent civilement là bas. En effet, les mariages civils pour les Israéliens ne peuvent s'effectuer en Israël où seuls les mariages religieux ont cours quelle que soit la religion des conjoints. S'ils sont Juifs c'est devant le rabbinat orthodoxe et s'ils ne sont pas Juifs c'est devant les autorités religieuses des leurs traditions.Toutefois les mariages civils d'Israéliens effectués à l'étranger comme les mariages civils de couples immigrants en Israël sont a priori reconnus  par le Ministère de l'Intérieur. A leur retour, le couple organisa en Israël une cérémonie religieuse libérale (réformée) plus proche de leur conviction spirituelle et en présence de leurs familles et amis.  Quelle ne fut pas la surprise de Véred Shabit, lorsque le couple voulut divorcer de se voir convoquée au tribunal rabbinique orthodoxe afin de recevoir le "guet"  (divorce religieux) de son conjoint. Condition  a priori sine qua non pour que l'un et l'autre puisse se remarier, en particulier pour que la femme ne soit pas en situation d'adultère si elle vit avec un autre homme et que les enfants issus de cette union ne soient pas considérés comme des enfants illégitimes ("mamzerim", voir article du 12 décembre dans ce présent blog).
L'étonnement de Véred est compréhensible : si le rabbinat orthodoxe israélien ne reconnait ni le mariage civil ni le mariage juif libéral - pourquoi aurait-elle besoin d'un divorce religieux ? Qui plus est dans le cadre d'une cérémonie le plus souvent difficile pour les femmes. Alors
pour se donner du courage et comme elle l'exprime elle même dans ce clip très sympa concocté pour l'occasion : "Au lieu de pleurer, je suis descendue danser dans la rue... Peu m'importent les juges rabbiniques tant que je suis entourée par mes amis". Et c'est ainsi que la veille de son divorce religieux, elle et ses amis dansèrent sur les marches du tribunal rabbinique de Tel Aviv.
Cliquez ici pour voir la vidéo Véred Shabit a tourné avec ses amis.
Cliquez ici et pour des articles sur ce sujet (en hébreu)

L'une des questions que soulève ce cas est de savoir s'il faut un "guet" s'il n'y a pas eu de mariage religieux mais uniquement un mariage civil ou si le couple a vécu en concubinage ?
Voici ce qu'écrit Gabrielle Atlan , universitaire, " (...) la cohabitation ("biah") constitue rappelons-le, l'une des façons de contracter un mariage selon la Torah. (...) En revanche, selon les sages du Talmud, seule une union scellée par des "qiddushin" (sanctification) est considérée comme un véritable mariage nécessitant au besoin un "guet." Dans le doute (...), les rabbins contemporains demandent aux personnes  qui ont vécu en concubinage de procéder au divorce religieux". Mais elle précise toutefois en note : "(...) Ce cas se produit toutefois assez rarement puisqu'en trois ans (entre juin 1993 et juin 1999), le tribunal rabbinique de Paris a procédé à deux "guittin" (divorces religieux) de ce genre qui sur le plan de la procédure, ne diffèrent en aucun point d'un "guet" ordinaire ( Les Juifs et le divorce, Peter lang, 2003 p 79 et 80).

L'attitude actuelle du rabbinat israélien, si l'on se base sur le cas de Véred Shabit, irait dans ce sens au regard semble-t-il de la multiplication des mariages civils ou du concubinage. Une manière bien paradoxale de les reconnaître.....

Merci à Zehava Cohen pour son aide à la compréhension des textes en hébreu


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